Quant à la philosophie d’Apulée, Florilège, XIII
Évidemment, la philosophie ne m’a pas largement pourvu du genre d’éloquence que la nature mit à disposition de certains oiseaux, au chant du reste court, et circonstancié : l’hirondelle matinale, la cigale au midi, la chevêche au serein, la hulotte crépusculaire, le hibou nocturne, le coq à l’aurore ; oui, bien sûr, parmi ces animaux, chacun entame son air et chante à une heure différente et d’une façon différente : il va de soi que les coqs éveillent, les hiboux se plaignent, les hulottes gémissent, les chevêches s’embrouillent, les cigales couvrent tout, tandis que les hirondelles pérorent dans l’aigu. Côté philosophe par contre, l’heure est toujours à la raison et à l’éloquence, respectable à qui l’écoute, utile à qui l’entend, et capable de chanter sur tous les tons.
Une existence suffisamment sarcastique
J’oublie souvent les noms propres et s’ils me reviennent, c’est déformés. En effet, si je les ai perdus, l’agressivité y est pour quelque chose et les mutile à leur retour du refoulé. Parfois, le mouvement est si rapide que l’auditeur pourra penser que je n’ai rien oublié du tout et que je surnomme autrui par pure méchanceté. Je m’en excuse rarement. Dernièrement même, j’ai pris pour prétexte le fait que ce nom propre que je tentais de démolir n’était qu’un pseudonyme. Mettons que j’aie parlé d’un certain Salers, d’un Oulbek ou du Manucure des Anges.
Photographies :
Apulée, dessin d’une monnaie ancienne, anonyme.
Stanczyk, le fou du roi, de Jan Matejko.
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