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L’Invitation au voyage

Charles Baudelaire - Henri Duparc
10 mai 2017, par Francis


Poème : Charles Baudelaire - Musique : Henri Duparc
Chant : Hélène Sage - Guitare : Francis Gorgé

Henri Duparc, né en 1848 et décédé en 1933, a très peu composé en raison d’une maladie nerveuse qui entrava sa vie créatrice mais ses dix-sept mélodies offrent une réponse fascinante au mariage de la parole et de la musique.

C’est Bernard Vitet qui m’a fait découvrir L’invitation au voyage dans l’interprétation de Charles Panzera.

Nous l’avons jouée ensemble de nombreuses fois lors de concerts d’un drame musical instantané, Bernard y voyait une représentation du dernier voyage.

Le poème de Baudelaire est pour moi l’un des plus beaux qu’il ait écrit : il nous emporte pour un voyage physique, spirituel, énigmatique et voluptueux.

La grande réussite de la musique de Duparc est d’avoir sublimé tout le mystère du poème, son harmonie très raffinée en mode mineur prend soin de conclure chaque partie en mode majeur passant ainsi d’une impression de clair obscur à des illuminations solaires. Et il choisit pour l’accompagnement un rythme hypnotique qui suggère le mouvement de la mer.

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Toute transcription nécessitant choix et sacrifices, il m’a fallu trouver pour l’harmonie des renversements adaptés à la guitare et, mon instrument n’ayant pas l’ampleur du piano, j’ai décidé d’un accompagnement … différent.

Un grand merci à Hélène Sage pour son interprétation de cette mélodie qui est aussi l’un de ses « standards ».

L’Invitation au voyage

Mon enfant, ma soeur,
Songe à la douceur
D’aller là-bas vivre ensemble !
Aimer à loisir,
Aimer et mourir
Au pays qui te ressemble !
Les soleils mouillés
De ces ciels brouillés
Pour mon esprit ont les charmes
Si mystérieux
De tes traîtres yeux,
Brillant à travers leurs larmes.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.

Vois sur ces canaux
Dormir ces vaisseaux
Dont l’humeur est vagabonde ;
C’est pour assouvir
Ton moindre désir
Qu’ils viennent du bout du monde.
Les soleils couchants
Revêtent les champs,
Les canaux, la ville entière,
D’hyacinthe et d’or ;
Le monde s’endort
Dans une chaude lumière.

Là, tout n’est qu’ordre et beauté,
Luxe, calme et volupté.


Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal (1857)

Photo : Ian Eerala


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