
Trois poèmes de Brassinga traduits et mis en musique, retrouvés dans mes archives.
Ces pièces sont inédites et l’enregistrement original date de 2011.
Les textes sont tirés d’un recueil de Brassinga, Dichtgroei, que Dominique Meens a traduit Pousse poème et dont la traduction a paru en Hollande.
Grâce au lecteur ci-dessous, vous écouterez ces trois pièces.
arbre
Arbre, image de la peur : lui vit.
Il n’est pas seul autre, est ce là,
saluant sans réponse.
L’arbre ne connaît nulle inclination.
Vois-le fort dans sa forme
et là-dessous l’esquisse
de ce que plus tard tu deviendras :
une chose autre, étrangère, morte.
la feuille soupire
Dépouillée de sens
d’essence assoiffée
je brûle d’avoir bu le venin du dieu distillé
pur par mes elles-mêmes qui tourbillonnaient,
je bois profondément jusqu’à prendre
tout ce reflet à mes pieds
de tout côté du sol où niche pourri
le royaume que j’étends
et feuillue la tête d’autant plus scintillante
teinte l’étinceler, tout houle parfois
mes sentiments, à présent doucement oscille
et surcharge l’éventail de feuilles, rouille —
du profond désir d’atteindre grimpe de quoi siroter
remonté du très noir déchéant là-haut ;
terre mon inconditionnelle source
que chatoie la nue insaisie.
bois
Le jour nous fut donné
quand pour finir les arbres s’éclaircirent
coagulant l’obscurité de l’indéfinie
matière — nous saignons depuis
d’automutilations brûlantes car c’est vu
haut et ne se peut garder,
les sphères demeurent inatteignables
la pousse poème tout juste vue.
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