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Préludes Livre II

Claude Debussy
9 avril 2025, par Francis

Le deuxième livre des Préludes pour piano de Debussy, composé entre 1909 et 1912, est un sommet de l’impressionnisme musical. L’orchestration de ces préludes, réalisée avec des instruments virtuels, met en avant la verve et l’acidité de la musique, délaissant le côté vaporeux souvent associé à Debussy. Chaque prélude, inspiré par des thèmes variés, évoque une rêverie musicale, de la mélancolie automnale à l’excentricité du General Lavine.

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... Le prélude c’est l’avant-propos éternel d’un propos qui jamais n’adviendra.
Vladimir Jankelevitch

Le deuxième livre des Préludes pour piano de Claude Debussy fut composé de1909 à 1912.

Ces compositions très libres sont considérées comme un sommet de la musique impressionniste et représentent l’aboutissement de la pensée pianistique de Debussy.
Les Préludes évoquent une invitation à la rêverie et le compositeur prend soin de n’indiquer leur titre qu’à la fin de chaque pièce, entre parenthèses et précédé de points de suspension. Est-ce pour laisser l’interprète de découvrir ses propres impressions sans être influencé ?

Pour l’orchestration de ces Préludes, j’ai préféré délaisser le coté vaporeux et mystérieux qu’on associe trop souvent à la musique de Debussy pour en faire ressortir toute la verve et l’acidité.

Mon orchestration a été rendue possible grâce aux instruments virtuels créés par Spitfire audio.

1. Brouillard
Modéré extrêmement égal et léger
Debussy a largement contribué à l’éclatement des modèles traditionnels de la forme. Il opte pour un déroulement musical soumis à l’imagination, au sous-entendu, à la poésie des sons.
Debussy utilise parfois des motifs qui, une fois additionnés les uns aux autres, donnent une structure qui détermine la forme de l’œuvre.

Dans une lettre écrite à son éditeur Durand en 1907, Debussy dit :
« Je me persuade de plus en plus que la musique n’est pas, par son essence, une chose qui puisse se couler dans une forme rigoureuse et traditionnelle. Elle est de couleurs et de temps rythmés. »

2. Feuilles mortes
Lent et mélancolique
Une pièce austère et mélancolique, pouvant donner à l’auditeur le sentiment de se tenir isolé parmi les arbres en automne.
Le compositeur peint une représentation musicale de feuilles mortes avec des harmonies dissonantes, des lignes mélodiques étranges et fragmentées et une harmonie séquentielle plutôt que fonctionnelle.

3. La Puerta del Vino
Mouvement de Habanera
Troisième prélude du livre II, cette pièce a été inspirée à Claude Debussy par une carte postale, envoyée par Manuel de Falla, représentant La Puerta del Vino du palais Halambra à Grenade.

Chacun doit se faire ses règles à soi-même. La musique est libre d’une liberté illimitée ; il n’y a pas d’accords parfaits, il n’y a pas d’accords dissonants, il n’y a pas d’accords faux ; toute agrégation de notes est légitime.
Claude Debussy

4 Les fées sont d’exquises danseuses
Rapide et léger
Cette œuvre s’inspire d’une illustration d’Arthur Rackham créé pour la pièce Peter Pan de J.M. Barrie.
Ludique et fantaisiste la musique de ce prélude ne cesse de rebondir et de se transformer. À l’écoute de mon orchestration, je ne peux m’empêcher d’imaginer des fées ou des lucioles espiègles virevolter en tous sens dans un sous bois au crépuscule.
C’est une de mes pièces préférées de Livre II.

« Quand on n’a pas les moyens de se payer des voyages, il faut suppléer par l’imagination », explique Claude Debussy en 1903.

5. Bruyères
Calme
Cette pièce — l’une des plus lyriques de ce Livre — se distingue par l’utilisation de la gamme pentatonique. Claude Debussy a écrit plusieurs morceaux pour piano adoptant cette gamme de cinq notes, dont notamment Pagodes, Voiles, La cathédrale engloutie, Les collines d’Anacapri et Bruyères. Dans toutes ces pièces, Debussy se sert de la simplicité mélodique de cette gamme pour apporter fraicheur et lyrisme.

Si vous désirez en savoir davantage sur ce prélude, vous pouvez consulter cette analyse de Brian Alegant (en anglais) qui met en parallèle Bruyères et La fille aux cheveux de lin. Reconsidering Debussy’s Bruyères

6. General Lavine - eccentric
Cake Walk
Le sixième prélude du deuxième livre de Debussy s’inspire du célèbre jongleur américain General Lavine. Edward Lavine était un clown américain qui se produisit au théâtre Marigny des Champs-Elysées en 1910 et 1912, apparemment au grand amusement de Debussy.
Avec beaucoup d’esprit et d’humour, Debussy capture les excentricités de l’interprète sous la forme d’un cakewalk - une danse qui a vu le jour à l’époque de l’esclavage dans les plantations du sud des États-Unis.

J’ai lâché la bride aux trombones et à la percussion pour l’orchestration de cette pièce originale.

De tout temps la beauté a été ressentie par certains comme une secrète insulte.
Claude Debussy

7. La terrasse des audiences du clair de lune
Lent
Le titre trouve sa source dans un article de René Puaux paru dans le journal Le Temps en décembre 1912 et décrivant les fêtes de couronnement de Georges V comme Empereur des Indes : " La salle de la victoire, la salle du plaisir, le jardin des sultanes, la terrasse des audiences au clair de lune... ".

Dans ce paysage sonore, Debussy utilise la gamme par ton et des mouvements parallèles d’accords qui amplifient le suspense de l’œuvre, et jette une lumière sinistre sinon funèbre sur cet événement.

En cherchant sur le Web, j’ai découvert ce texte qui présente plusieurs analyses de ce célèbre prélude de Debussy.

8. Ondine
Scherzando
Personnage imaginaire, l’ondine a pour ancêtres les nymphes et les sirènes grecques, des incarnations bénéfiques de l’eau.

En orchestrant ce prélude, j’ai fait la part belle aux percussions et notamment au vibraphone et au xylophone. J’imaginais sur les lames de ces deux instruments, des gouttelettes d’eau rebondissantes.

9. Hommage à S. Pickwick Esq. P.P.M.P.C.
Grave
Le titre du prélude fait référence au protagoniste du roman Les Papiers posthumes du Pickwick Club de Charles Dickens, PPMPC signifiant « Perpetual President Member Pickwick Club ».

Pour Alfred Cortot, « il n’est point possible de concevoir une adaptation musicale plus spirituelle, non seulement du caractère du héros de Dickens, mais encore du style même de ce dernier. C’est sa bonhomie caustique, sa malice savoureuse, et chaque mesure de cette pièce est un trait qui porte, depuis l’emploi comiquement sérieux du God save the King, jusqu’au sifflement dégagé de la dernière page, en passant par ces alternances de gravité distraite, de timidité et de contentement de soi qui composent la personnalité humoristique de Picwick  »

10. Canope
Très calme et doucement triste
Canope, le dixième prélude du livre II est l’un des morceaux les plus étranges du compositeur.
Les bocaux canopes sont des urnes, souvent avec des bouchons minutieusement sculptés, utilisés dans le processus de momification de l’Égypte ancienne - la signification précise dans le contexte de ce prélude est inconnue.

« On cherche trop à écrire, on fait de la musique pour le papier alors qu’elle est faite pour les oreilles »
Monsieur Croche, La musique d’aujourd’hui et celle de demain

11. Les Tierces alternées
Modérément animé
Cette pièce me semblait une gageure à orchestrer, Etude ou Prélude ? : écrite comme un exercice pour le pianiste, elle me paraissait très difficile à transposer pour un orchestre. C’est d’ailleurs le seul Prélude à porter un titre strictement musical...
Je m’y suis attelé et, emporté par le rythme frénétique de ce morceau, j’ai orchestré ce prélude, sûrement inspiré par certains compositeurs motoristes (Roussel, Prokofiev et Honegger…) et, à l’écoute, il est devenu l’un de mes préludes préférés.
Je vous laisse le découvrir.

12. Feux d’artifice
Modérément animé
Un bouquet final explosif, Feux d’artifice est le plus complexe des préludes de Debussy, un éclat d’arpèges, de trilles, et d’accords rapides : une musique étincelante qui évoque parfaitement la montée furieuse et l’explosion des feux d’artifice dans le ciel, et les étincelles en suspens qui retombent avant de s’éteindre, avec un écho lointain de La Marseillaise...
France Musique

Si vous lisez l’anglais et que vous voulez en savoir plus sur ce prélude, je vous propose de télécharger ce document :
Analysis of Debussy Piano Music "Fireworks" Performance par Junzhong Zhang


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