assezvu

Assez vu. La vision s'est rencontrée à tous les airs.
Assez eu. Rumeurs des villes, le soir, et au soleil, et toujours.
Assez connu. Les arrêts de la vie. — Ô Rumeurs et Visions !
Départ dans l'affection et le bruit neufs !


Accueil > Nouvelles > Parutions à venir

Parutions à venir

deux livres de Meens paraîtrons en juin
9 mai 2012, par Dominique

Les éditions P.O.L. m’ont demandé en fin d’hiver une présentation des deux livres à venir aux représentants qui parcourent la France et vont de librairie en librairie. J’ai écrit et enregistré la brève conférence qui suit.

Mesdames et Messieurs les Représentants,

Je ne vais plus vous embêter avec mes aujourd’hui.
“Aujourd’hui tome deux” est le dernier.
Comme vous le verrez je l’ai écrit en collaboration, comme on dit.
Je l’ai écrit avec Miguel Donoso Pareja (ci-dessous, son portrait par Ricardo Bohórquez).

Miguel Donoso Pareja est un écrivain sud américain. Il est né à Guayaquil en 1931, a vécu longtemps au Mexique. Il a bien voulu d’abord être l’un des personnages de mon livre, puis il l’a conclu d’une double rafale de poèmes : “Gudrum, Gudrum”.

L’histoire dont il est le personnage raconte comment, sujet à la maladie de Parkinson, il a failli être embarqué dans de très louches laboratoires français, et comment deux jeunes filles lui ont permis de s’échapper à temps.

Je parle également dans ce livre de deux autres « échappés des lucarnes », comme disait Gil J Wolman dont j’ai assez parlé dans “Aujourd’hui rougie”, à savoir Claude Ollier et Danielle Mémoire.
Et c’est en vous parlant que je vois le motif de ce dernier aujourd’hui : « l’échappée ».
Belle autant que possible : mais ça, on me dit que c’est au lecteur d’en juger.

Quand Monsieur Paul Otchakovsky-Laurens m’a proposé de publier un livre de poésie, j’ai fait la moue, mais il m’est arrivé un an après une douzaine de poèmes au motif d’une radiophonie que je voulais réaliser. Aussi me suis-je mis à construire en partant de ces douze mois d’amour à droite à gauche quelque chose qui ne soit précisément pas un recueil de poèmes. Comme je suis d’un type plutôt braqué sur la forme, j’ai donné pour titre à ce livre “Vers”. Le français m’a bien secondé car dans cette langue, « vers » est également une préposition qui indique soit une direction, donc un mouvement ; soit une approximation locale ou temporelle. Par exemple :

« Fabrice se sauva à toutes jambes vers le bois » (Stendhal, “Chartreuse”)
« Vers la fin du repas, Julien trouva un mot pour exprimer le genre de beauté des yeux de Mlle de La Mole : ils sont scintillants » (Stendhal, “Rouge et Noir”)

Je vous ai donné deux exemples de bonne prose, pris au TLF. Pour ce qui est d’exemples en vers, il faudra lire mon livre (il y en a trois).

Ces deux livres sont donc, l’un, de prose ; l’autre, de vers.
J’ai le goût du paradoxe, aussi je vous propose celui-ci : le livre de vers est prosaïque, l’autre est poétique.
Je dis ça et ensuite je vois ce que ça donne.

Dire que “Vers” est prosaïque, c’est dire qu’il se tient au ras du commun, de la vie quotidienne, qu’il n’est après tout que l’expression d’affects, de sentiments, de désirs pleins de banalité. On y voit un bonhomme se débattre, emmêlé qu’il est comme tout le monde, et qui se tortille, tiré à hue et à dia, comptant sur l’amour ou la révolte pour que ça cesse.
Et cela cesse en effet, puisque c’est un livre.

“Aujourd’hui tome deux” serait lui poétique, comment justifier ce propos ?
C’est que le sujet, celui qui dit « aujourd’hui je dors » depuis ce premier livre de la série publié en 2003, s’y crée d’un bout à l’autre. Un sujet humain ne se créant, il n’y a pas de secret, que depuis d’autres sujets, celui-là laisse progressivement la parole à ceux qu’il considère des proches, à ceux qui l’auront formé. Il fait ainsi de l’un d’entre eux, Miguel Donoso Pareja, un personnage ; il rédige l’apologie d’un autre, Claude Ollier ; produit le dithyrambe d’une troisième, Danielle Mémoire ; pour enfin céder totalement la page au premier, qui est un poète sud-américain d’envergure, et, ainsi fait, conclure.

Comme enfin je suis plutôt gentil, quoi qu’on puisse en dire m’ayant lu, car mes bouquins sont plutôt très caustiques au sujet de la prose et des vers d’aujourd’hui, je vous donne les trois vers que j’évoquais il y a un moment :

« avançons-nous vers une autre une »

« j’ai vu des coulemelles en haut vers le fossé »

« je m’avance maligne vers tes yeux »

Je vous remercie de votre attention.


article précédent : Minutes de l’Albigeois

article suivant : Note en passant